lundi 5 octobre 2009

Eglise Saint Martin - Vertus -

Peut-être le découvrirez vous en lisant ces lignes... (je suis sûr qu'il y en a bien un ou une au moins) nous devons chanter la PMS Rossini à deux reprises coup sur coup. A Ay bien sûr, mais la veille, nous donnerons ce concert en l'Eglise Saint Martin de Vertus.

Alors pour ne pas arriver ignares dans cet endroit de Champagne (1er Cru), (hormis les vertusiens -ou vertueuses- de notre ensemble) voici quelques indices afin d'admirer au mieux et de s'y sentir (presque) comme à la maison, car quelques particularités sont indispensables à notre culture générale, ou, en tout cas à notre culture régionale, je pense notamment aux pilotis, la source, l'orgue récent...



Son histoire :

L’église Saint-Martin de Vertus a la particularité d’être construite sur pilotis. Elle est bâtie sur une source qui alimente la pièce d’eau que l’on peut voir derrière l’abside, appelée « Puits Saint-Martin ». Le Puits Saint-Martin est d’ailleurs le point de vue le plus pittoresque sur l’église.

A cet emplacement, on suppose qu’il y avait déjà un lieu de culte gaulois. Nos pères en firent un temple chrétien quand la Champagne fut évangélisée (3ème ou 4ème siècle).

Aucun texte ne nous renseigne sur les origines de l’église. Elle abrita une abbaye de chanoines réguliers, sur les origines de laquelle nous ne sommes pas mieux renseignés. L’église resta affectée au seul culte paroissial, à la suite de l’incendie de 1167 et de l’installation, hors les murs, des chanoines dans l’abbaye Notre-Dame.

On peut admirer aujourd’hui cette splendide église dont il reste encore à l’heure actuelle des éléments appréciables : les cryptes, les transept, la 1ère travée du sanctuaire, les piliers de la nef, et la tour du clocher. Toutes les parties anciennes sont construites en pierre du pays, dite des « Falloises ».

De nombreux conflits éprouvèrent le bâtiment : des incendies, en 1167, en 1230, en 1380. Et l’usure du temps également obligea à de multiples restaurations. La partie la plus remaniée est la seconde travée du sanctuaire et le mur de chevet qui le ferme. Cela s’explique par les affaissements de la construction. En 1852, l’architecte chargé de la restauration eut la fâcheuse idée de faire disparaître une fort belle fenêtre du XVème, placée dans le mur de chevet, afin de rendre l’ensemble de cette travée dans ce qu’il a cru être le « style primitif ».

L’église a surtout considérablement souffert de l’incendie des charpentes, en juin 1940. Dans cet incendie, l’église a perdu toutes ses toitures, le plafond de la nef (il n’y a pas de voûte), le clocher et ses trois cloches, ses grandes orgues (buffet XVIIème), la sacristie et tout le mobilier intérieur.

En 1942, on a refait les piliers de la nef. En 1951-52, la couverture du sanctuaire et du transept. En 1953, réfection complète du mur nord de la nef. En 1955, couverture de toute la grande nef et des bas-côtés et refonte des cloches (dont deux dataient de 1595 et 1596).

La nef voit ses murs aérés par des arcades romanes (l’ensemble date du Xième siècle) – une seule a gardé son plein cintre – ornées de deux demi-colonnes aux chapiteaux variés.

Près du portail nord : une inscription funéraire du XVIème siècle, marquée d'un épicurisme qui peut surprendre dans une église : aucune mention de la doctrine chrétienne du salut ou de la résurrection, mais une allusion érudite à la légende des deux frères Cléobis et Biton rapportée par Hérodote. Les idées ne sont guère originales : ce grand dizain (abbaccdeed) développe un κοινὸς τόπος,un lieu commun, mais avec une élégance et une maîtrise de l'alexandrin tout à fait honorables, qui témoigne que trois ans après la mort de Montaigne la Renaissance était arrivée jusque dans notre province.

Les deux bras du transept (XIIème) donnent accès à deux chapelles demi-circulaires, voûtées en cul-de-four, empâtées dans un chevet plat. Au nord, la chapelle est dédiée à la Vierge Marie, à l’ouest à Saint-Vincent, le patron des vignerons. Entre les deux chapelles et le sanctuaire sont aménagées deux petites chambres rectangulaires ouvrant sur le chœur : l’une sert de départ à l’escalier du clocher, l’autre a conservé le nom de « Trésor ». Le plan d’ensemble de toute cette partie est inusité en Champagne. On le retrouve dans certaines églises de l’Ouest (bénédictines) et notamment en Poitou.

Les cryptes :

C’est certainement la partie la plus intéressante à voir dans l’église, et la mieux conservée. Les trois cryptes de Vertus sont uniques en Champagne.

Pourquoi d’abord a-t-on fait des cryptes à Vertus ? Tout simplement pour compenser la différence de niveau du sol, qui va en déclivité depuis le grand portail jusqu’à la source qui est au chevet de l’église. Sans doute également pour permettre aux moines de l’ancienne abbaye de célébrer leur messe sur les autels dressés dans les cryptes.

La crypte centrale a été restaurée à la fin du XIXème. Mais beaucoup d’éléments anciens ont été heureusement conservés : chapiteaux, base de piliers et colonnes cannelées… Admirez surtout, en descendant l’escalier, la très belle perspective, avec la répétition d’arcs romans multiples. La crypte centrale est dédiée à Sainte Anne depuis 1631, celle de droite (sud) à Saint Pierre, et celle de gauche (nord) à Saint Quentin. Ces deux dernières sont de beaucoup les plus intéressantes, par la disposition de leurs voûtes d’arêtes (fin du Xième).

Dans la crypte centrale on peut voir :

  • un sarcophage trouvé sous les fondations du clocher.

  • quelques pierres funéraires rappelant la mémoire des curés de Vertus

À l’extérieur comme à l’intérieur, l’église de Vertus est belle, sous tous les angles. Mais c’est du Puits Saint-Martin qu’elle offre la vue la plus séduisante. La tour est très élégante et harmonieuse, sous son toit à quatre pans. Sa silhouette est très proche de celle de Vignory en Haute-Marne. Comme toujours dans la région, l’essentiel de la décoration a été réservé à l’étage supérieur : les quatre faces sont identiques, ajourées de deux fenêtres composées chacune de deux baies géminées. Nous retrouvons les mêmes tours dans les environs : à Oger, les Istres-et-Bury, Thibie.


Quant aux orgues récents (1996) si vous voulez en savoir plus, visitez cette page très bien faite en cliquant ICI

2 commentaires:

FISIS a dit…

merci pour ces informations, cette belle visite virtuelle.

blandine p a dit…

Merci beaucoup pour cette aide à une visite approfondie, ces explications sont dignes d'un guide !!