Combien de fois avons-nous dit, écrit, affirmé, après des années d'expérience que le chant choral s'offrait sans aucune restriction à l'adolescent. à l'adulte aussi, qu'aucune éducation musicale antérieure n'avait préparés ?
Les enfants et adolescents n'ont plus assez de temps pour ajouter au programme de leur école l'heure quotidienne d'apprentissage sérieux de l'instrument dont la connaissance réelle sera utilisable un jour. Les programmes scolaires français. tant ceux de l'enfance que ceux de l'adolescence n'ignorent pas tout à fait la musique mais traitent celle-ci comme une matière qui se surajoute à un reste déjà copieux. Peu de temps lui est réservé dans la semaine scolaire et ce peu est rarement bien employé !
En s'incorporant au choeur, l'adolescent accomplit une démarche qui équivaut à un progrès (attirance de la musique, choix d'un " milieu ")- Cette adhésion va l'obliger au respect d'un calendrier, d'un horaire qui restreint un peu le temps de ses libertés. Puis, le fait d'appartenir à une communauté va le rendre attentif à s'effacer comme individu au profit de l'ensemble. loi qui vaut pour toutes les communautés mais particulièrement pour le choeur où tout s'exécute en " voix unanime ". Pour arriver à ce dépouillement il devra s'imposer une discipline vigilante qu'il faut admettre. entretenir, cultiver , apprendre à " accorder " sa voix (hauteur, poids, couleur. fermeté. présence) à celle des autres.
Voilà vers quoi doivent tendre ceux qui ont éprouvé un jour la joie de chanter ensemble. Au départ. la joie simple de la musique qui nous détend. nous élève. nous " ramasse ". Ensuite l'acheminement en direction de l'essentiel (le bol de riz. la poignée de dattes...) du miracle quotidien de la vie, de l'amour de la terre des hommes. Voir. recevoir. Donner !
On se retrouve chaque semaine par amour de la musique, même quand elle n’apparaît au début que sous l'aspect de simples harmonisations populaires. Par ces voix unies, qui chantent sans forcer, on apprend à se comporter humainement au milieu d'autres êtres dont la pensée est souvent très différente mais dont la même attitude rend la vie communautaire facile et sans problèmes.
Le comportement ordinaire du choriste A Coeur Joie devrait toujours être exemplaire . au sein du choeur qu'il fréquente chaque semaine, il vient apporter sa bonne volonté d'adolescent en quête d'échanges, de joie pure par la pratique de musiques chorales simples mais authentiques, d'éléments de culture, la fréquentation confiante d'êtres qui sont peut-être façonnés différemment dans la culture, la foi, la condition sociale. Attitude positive qui l'aidera à en faire un homme ouvert, silencieux, attentif, habitué à obéir et à servir, à donner et à offrir, bref l'image de la cellule saine qui fait une communauté forte. Lorsqu'on a goûté une fois l'agrément de ces moments étonnants d'efforts collectifs d'où émerge une émotion exceptionnelle que ne peuvent soupçonner les profanes, on s'engage pour toujours sur une voie de perfection.
Il y aurait une belle histoire à écrire à propos de nos stages de " formation de chefs de choeurs " que nous avons inaugurés à St Cloud en 1945. Depuis cette époque en avons-nous vu défiler des garçons et des filles de 20 ans nantis d'un petit bagage musical (quelque solfège, cinq ou six ans de piano pour les plus " favorisés ", un peu de pratique de choeur aussi à la chorale paroissiale), vraiment de " petits " moyens. A les examiner musicalement on ne pouvait jamais croire que certains de ceux-là deviendraient dans leur bourg, grâce à leur choeur, le pivot d'une animation qui arriverait à avoir une influence considérable sur la jeunesse d'alentour. Ces stages étaient conçus à l'origine pour la formation du chef de choeur dont la réussite dépend de la sûreté de sa direction et de son rayonnement. Nous savons tous combien une chorale s'impose ou périclite reflétant les possibilités de son " directeur ".
Le chef de choeur est très près de son public. Il lui parle directement, il le touche des yeux et de la voix. Il doit donc le former et le faire participer à la vie musicale collective.
Nos stages de choristes sont là pour cela . apprendre à lire correctement une partition, apprendre à écouter, donner les premières notions de gestique afin que le choriste s'achemine vers la direction du pupitre auquel il appartient et, plus tard, vers une éventuelle direction chorale.
Le jeu de musique conduit l'auditeur autant que l'exécutant sur un chemin qui monte vers "le ciel" en faisant de lui un être disponible à la création et aux créatures. De plus, le contact de la musique aide à surmonter les difficultés habituelles et rend l'homme attentif et perméable au rythme des autres hommes. Nous dirons que la musique donne du goût à la vie, qu'elle entretient la confiance et, aussi, qu'elle rend l'homme plus humble en lui apportant la paix !
Au-delà du plaisir sensoriel qui découle du " jeu " de la polyphonie la musique insinue ses racines profondes d'intelligence, de moralité, de spiritualité. Le "joueur" s'améliore en les subissant à son insu, devient un partenaire agréable dans d'autres circonstances. Mais cet élargissement de notre personnalité gagnée à ce jeu doit nous entraîner jusqu'à ses fins logiques . du chant choral-spécialité accéder à toute la musique ( être prêts à " écouter "), de la musique-spécialité s'ouvrir aux autres formes d'expression (être prêts à " regarder ") pour s'intégrer enfin à la communauté humaine où la vie manifeste ses contradictions, ses heurts mais aussi ses réussites, ses espoirs, ses lumières.
L'art vocal polyphonique est limité quoiqu'en puissent prétendre les musiciens qui écrivent pour le choeur en " toute liberté ". La liberté n'est pas de ce monde polyphonique. La faiblesse de l'homme lorsqu'il n'est qu'instrument de musique (chanteur) limite nécessairement les difficultés. Arrive un moment où l'oreille et la voix ne sautent plus l'obstacle ; au-delà il n'y a plus qu'impossibilité et chute ( il n'est question ici que des amateurs et non des spécialistes (professionnels) capables, après des mois de patients travaux, de réaliser des tours de force...).
Le chant choral, discipline joyeuse, donne plus de plaisir à celui qui exécute qu'à celui qui écoute.
La chanson populaire ancienne dans son ensemble est optimiste ; elle exalte, elle magnifie (l'amour, le pays, la nature, l'histoire, la légende, les métiers, le travail, les fêtes chrétiennes...), sans pourtant se priver d'humour frondeur et d'ironie. Mais, dans la balance, une naïveté de bon aloi, la confiance, la joie de vivre l'emportent largement sur le reste.
Par la pratique de la polyphonie, nous apprenons à aimer le prochain et l'étranger.
César Geoffray, fondateur du Mouvement A Coeur Joie. 1963
Les enfants et adolescents n'ont plus assez de temps pour ajouter au programme de leur école l'heure quotidienne d'apprentissage sérieux de l'instrument dont la connaissance réelle sera utilisable un jour. Les programmes scolaires français. tant ceux de l'enfance que ceux de l'adolescence n'ignorent pas tout à fait la musique mais traitent celle-ci comme une matière qui se surajoute à un reste déjà copieux. Peu de temps lui est réservé dans la semaine scolaire et ce peu est rarement bien employé !
En s'incorporant au choeur, l'adolescent accomplit une démarche qui équivaut à un progrès (attirance de la musique, choix d'un " milieu ")- Cette adhésion va l'obliger au respect d'un calendrier, d'un horaire qui restreint un peu le temps de ses libertés. Puis, le fait d'appartenir à une communauté va le rendre attentif à s'effacer comme individu au profit de l'ensemble. loi qui vaut pour toutes les communautés mais particulièrement pour le choeur où tout s'exécute en " voix unanime ". Pour arriver à ce dépouillement il devra s'imposer une discipline vigilante qu'il faut admettre. entretenir, cultiver , apprendre à " accorder " sa voix (hauteur, poids, couleur. fermeté. présence) à celle des autres.
Voilà vers quoi doivent tendre ceux qui ont éprouvé un jour la joie de chanter ensemble. Au départ. la joie simple de la musique qui nous détend. nous élève. nous " ramasse ". Ensuite l'acheminement en direction de l'essentiel (le bol de riz. la poignée de dattes...) du miracle quotidien de la vie, de l'amour de la terre des hommes. Voir. recevoir. Donner !
On se retrouve chaque semaine par amour de la musique, même quand elle n’apparaît au début que sous l'aspect de simples harmonisations populaires. Par ces voix unies, qui chantent sans forcer, on apprend à se comporter humainement au milieu d'autres êtres dont la pensée est souvent très différente mais dont la même attitude rend la vie communautaire facile et sans problèmes.
Le comportement ordinaire du choriste A Coeur Joie devrait toujours être exemplaire . au sein du choeur qu'il fréquente chaque semaine, il vient apporter sa bonne volonté d'adolescent en quête d'échanges, de joie pure par la pratique de musiques chorales simples mais authentiques, d'éléments de culture, la fréquentation confiante d'êtres qui sont peut-être façonnés différemment dans la culture, la foi, la condition sociale. Attitude positive qui l'aidera à en faire un homme ouvert, silencieux, attentif, habitué à obéir et à servir, à donner et à offrir, bref l'image de la cellule saine qui fait une communauté forte. Lorsqu'on a goûté une fois l'agrément de ces moments étonnants d'efforts collectifs d'où émerge une émotion exceptionnelle que ne peuvent soupçonner les profanes, on s'engage pour toujours sur une voie de perfection.
Il y aurait une belle histoire à écrire à propos de nos stages de " formation de chefs de choeurs " que nous avons inaugurés à St Cloud en 1945. Depuis cette époque en avons-nous vu défiler des garçons et des filles de 20 ans nantis d'un petit bagage musical (quelque solfège, cinq ou six ans de piano pour les plus " favorisés ", un peu de pratique de choeur aussi à la chorale paroissiale), vraiment de " petits " moyens. A les examiner musicalement on ne pouvait jamais croire que certains de ceux-là deviendraient dans leur bourg, grâce à leur choeur, le pivot d'une animation qui arriverait à avoir une influence considérable sur la jeunesse d'alentour. Ces stages étaient conçus à l'origine pour la formation du chef de choeur dont la réussite dépend de la sûreté de sa direction et de son rayonnement. Nous savons tous combien une chorale s'impose ou périclite reflétant les possibilités de son " directeur ".
Le chef de choeur est très près de son public. Il lui parle directement, il le touche des yeux et de la voix. Il doit donc le former et le faire participer à la vie musicale collective.
Nos stages de choristes sont là pour cela . apprendre à lire correctement une partition, apprendre à écouter, donner les premières notions de gestique afin que le choriste s'achemine vers la direction du pupitre auquel il appartient et, plus tard, vers une éventuelle direction chorale.
Le jeu de musique conduit l'auditeur autant que l'exécutant sur un chemin qui monte vers "le ciel" en faisant de lui un être disponible à la création et aux créatures. De plus, le contact de la musique aide à surmonter les difficultés habituelles et rend l'homme attentif et perméable au rythme des autres hommes. Nous dirons que la musique donne du goût à la vie, qu'elle entretient la confiance et, aussi, qu'elle rend l'homme plus humble en lui apportant la paix !
Au-delà du plaisir sensoriel qui découle du " jeu " de la polyphonie la musique insinue ses racines profondes d'intelligence, de moralité, de spiritualité. Le "joueur" s'améliore en les subissant à son insu, devient un partenaire agréable dans d'autres circonstances. Mais cet élargissement de notre personnalité gagnée à ce jeu doit nous entraîner jusqu'à ses fins logiques . du chant choral-spécialité accéder à toute la musique ( être prêts à " écouter "), de la musique-spécialité s'ouvrir aux autres formes d'expression (être prêts à " regarder ") pour s'intégrer enfin à la communauté humaine où la vie manifeste ses contradictions, ses heurts mais aussi ses réussites, ses espoirs, ses lumières.
L'art vocal polyphonique est limité quoiqu'en puissent prétendre les musiciens qui écrivent pour le choeur en " toute liberté ". La liberté n'est pas de ce monde polyphonique. La faiblesse de l'homme lorsqu'il n'est qu'instrument de musique (chanteur) limite nécessairement les difficultés. Arrive un moment où l'oreille et la voix ne sautent plus l'obstacle ; au-delà il n'y a plus qu'impossibilité et chute ( il n'est question ici que des amateurs et non des spécialistes (professionnels) capables, après des mois de patients travaux, de réaliser des tours de force...).
Le chant choral, discipline joyeuse, donne plus de plaisir à celui qui exécute qu'à celui qui écoute.
La chanson populaire ancienne dans son ensemble est optimiste ; elle exalte, elle magnifie (l'amour, le pays, la nature, l'histoire, la légende, les métiers, le travail, les fêtes chrétiennes...), sans pourtant se priver d'humour frondeur et d'ironie. Mais, dans la balance, une naïveté de bon aloi, la confiance, la joie de vivre l'emportent largement sur le reste.
Par la pratique de la polyphonie, nous apprenons à aimer le prochain et l'étranger.
César Geoffray, fondateur du Mouvement A Coeur Joie. 1963
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